Houellebecq: La carte précède le territoire / The map precedes the territory

The latest novel by Michel Houellbecq deals not only with art and society, but also with places and their representations. The title « The map and territory » can be interpreted as a synthesis of the artistic journey of the hero, Jed Martin. The international career of this visual artist starts in the 2010s through a series of photographs of Michelin maps, to end in the middle of the 21st century with a series of concrete naturalists movies dealing with nature and the territory. 25 years later Baudrillard, the map still precedes the territory both in the artistic process of Jed Martin, as well as in Houellebecq’s narrative structure.

Le dernier roman de Michel Houellbecq traite non seulement de l’art et de la société, mais aussi de l’espace et de ses représentations. Le titre « La carte et le territoire » peut être interprété comme un raccourci du parcours artistique du héros, Jed Martin. La carrière internationale de cet artiste visuel démarre en effet dans les années 2010 grâce à une série de photographies de cartes Michelin, pour se terminer au milieu du 21ème siècle avec une série de films naturalistes concrets en prise directe avec la nature et le territoire. Un quart de siècle après Baudrillard, la carte précède donc toujours le territoire aussi bien dans la démarche artistique de Jed Martin, que dans la structure narrative de Houellebecq.

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English Français Reference

English

The exhibition of photographs of Michelin maps by Jed Martin is entitled « The map is more interesting than the territory » and serves as a basis for emphasizing the supremacy of maps over satellite images as well as over the territory. Yet Houllebecq is also interested in the territory as it appears for instance in his description of the new contours of geography redrawn by liberalism (p. 152) or in his description of the post-industrial rural France toward the end of the novel. This very optimistic description can be envisionned as an idealized form of representation of the territory (e.i. a map in a broad sense), which contrasts sharply with the extremely dark vision that characterizes more generally the end of the novel as discussed below.

Despite this obvious interest to maps and territories, the author of The Elementary Particles – as he describes himself in the novel, since Houellebecq is one of the main protagonists of the narrative – does not really explore the relationships between maps and territories. However, he provides many detailed descriptions of some of the journeys of his characters, whether in the form of road trips (which sometimes appear to have been written by an GPS in a car), or pedestrian trips in the streets of Paris or in other places more or less real. Indeed, Houellebecq switches back and forth between fiction and reality, either in terms of characters, or in terms of the places. In other words, he switches back and forth between the map (fiction) and the reality (the territory).

Eventually the map precedes the territory in the stages of Jed Martin artistic development, as well as in the sense that the map produces a simulacra of reality that produces a reality effect: It becomes more real than the real. Nevertheless it is in the territory that the novel unravels. After his extremely optimistic description of rural post-industrial France (which reasontates with the image conveyed by the French TV news anchor J.P. Pernaut who is another character of the novel; see the very interesting interpretation of the meaning of this character by Laurent Cassely in his Blog), Houellebecq concludes with a much darker description of a dehumanized world where nature would take over a territory removed from any human life. The map (and more generally any representations) is then more interesting than the territory since it tends to simplify and idealize a reality which is often much darker.

Français

L’exposition des photographies des cartes Michelin de Jed Martin s’intitule « La carte est plus intéressante que le territoire » et sert de base à une comparaison entre les cartes et les images satellitaires dont les premières sortent largement gagnantes (p. 82). Pourtant Houllebecq s’intéresse aussi au territoire lorsqu’il décrit par exemple les contours de la géographie redessinés par le libéralisme (p. 152) ou qu’il anticipe les conséquences de la fin de l’ère industrielle à la toute fin du roman. La description très fleure bleue de la France rurale post-industrielle du milieu du 21ème siècle qu’il propose, peut être assimilée à une forme idéalisée de représentation du territoire (c’est-à-dire une carte au sens large), qui contraste fortement avec la perspective beaucoup plus noire qui caractérise la fin du roman, et sur laquelle nous reviendrons dans un instant.

Malgré cet intérêt évident pour la carte et le territoire, l’auteur des Particules élémentaires – tel qu’il se décrit lui-même dans ce roman, puisque Houellebecq est lui-même un des principaux protagonistes du récit – ne s’attarde guère sur les relations pouvant exister entre la carte et le territoire. En revanche, il fournit de nombreuses descriptions détaillées de certains des parcours de ses personnages, que ce soit sous la forme de parcours autoroutiers (qui semblent parfois avoir été écrits par un GPS embarqué dans une voiture), ou en suivant les déplacements de ses personnages dans les rues de Paris ou d’autres lieux plus ou moins réels. En effet, Houellebecq mélange allègrement le réel et le fictionnel dans ce roman, que ce soit au niveau de ses personnages ou des espaces du roman qui oscillent entre fiction et réalité, c’est-à-dire entre la carte et le territoire.

Au final la carte précède le territoire dans les étapes du cheminement artistique de Jed Martin, mais aussi dans le sens où la carte produit un simulacre de réalité qui prend le pas sur le réel (à l’image du journal de 13h de J.P. Pernaut (un autre personnage du roman de Houellebecq) qui définit la France réelle en développant un point de vue nostagique et passéiste comme le démontre admirablement bien Laurent Cassely dans son billet). Pourtant c’est bel et bien au niveau du territoire que se dénoue le roman. Après la description extrêmement optimiste du territoire rural français post-industriel faîte par Jed Martin (à l’image de la France magnifiée par le journal de 13:00 de Jean-Pierre Pernaut) le roman se termine par une vision beaucoup plus sombre et sans appel d’un territoire réel ultimement déshumanisé dans lequel la nature reprendrait tous ses droits sur l’humain désormais disparu. La carte (ou plus généralement la représentation) est donc bien plus intéressante que le territoire dans le sens où elle a tendance à simplifier et idéaliser une réalité souvent beaucoup plus sombre.

Reference/Référence

  • Work Title/Titre de l’oeuvre: La carte et le territoire
  • Author/Auteur : Michel Houellebecq
  • Year/Année : 2010
  • Field/Domaine : Littérature
  • Type : Roman
  • Edition :
  • Language/Langue :Français
    • Machinery/Dispositif :
    • Location in work/localisation dans l’œuvre :
    • Geographical location/localisation géographique : Paris, France #Irlande, Ireland #Massif Central, France
    • Remarks/Notes :

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