In Synecdoche, the first film he directed, Charlie Kaufman offers us a crazy game based on the impossible paradox of the perfect representation of reality. Caden Cotard (Philip Seymour Hoffman) is a depressive and hypochondriac theater director. He wants to create the absolute play by putting on stage an exact and faithful reproduction of his own life. To meet this requirement, he has to direct himself as a theater director directing himself and he has to hire actors to play actors playing the characters of his life. This results in a spatial impressive machinery.
Dans Synecdoque, son premier film en tant que réalisateur, Charlie Kaufmann nous propose un jeu délirant fondé sur le paradoxe de l’impossible représentation parfaite de la réalité. Caden Cotard, metteur en scène de théâtre dépressif et hypocondriaque joué par Philip Seymour Hoffman, veut créer à partir de sa vie une pièce de théâtre absolue, totale et intégralement fidèle. Pour respecter son exigence, il doit se mettre en scène en train de mettre en scène sa pièce et embaucher des acteurs pour jouer les acteurs jouant les personnages de sa vie. Cela se traduit par un dispositif spatial impressionnant.
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Charlie Kauffmann est un des scénaristes les plus inventifs du cinéma américain (« Dans la peau de John Malkovitch », « Eternal Sunshine of the Spotless Mind »…) et un grand inventeur de dispositifs spatiaux bizarres. On se souvient en particulier de l’accès au cerveau de l’acteur John Malkovitch par un tunnel caché derrière un meuble d’un bureau new-yorkais avec une sortie par catapultage en périphérie de la métropole.
Le film dont il est question ici est bien sûr placé délibérément sous le signe de la synecdoque, figure de rhétorique consistant à évoquer quelque chose au moyen d’une inclusion : la partie pour le tout ou le tout pour la partie, le détail pour l’ensemble ou l’ensemble pour le détail. Le film est construit sur ce qu’on appelle une mise en abyme puisque Coutard mettant en scène sa vie dans une pièce de théâtre se doit d’intégrer cette pièce dans la pièce. Mais cette pièce dans la pièce faisant dès lors aussi partie de sa vie, il doit l’intégrer dans la pièce, et ainsi de suite, à l’infini.
L’expression graphique la plus citée – au moins en France – d’une mise en abyme est la boîte du fromage La vache qui rit, qui présente une vache avec, suspendue aux oreilles, une boîte représentant une vache avec, suspendue aux oreille, une boîte, etc. etc. André Gide a été le premier auteur à repérer cette technique de narration consistant à placer à l’intérieur du récit principal un récit miniature qui reprend les principales caractéristiques du récit principal.
Jean Ricardou, théoricien du Nouveau Roman (1), rappelle que cette technique a été utilisée de longue date, par Shakespeare puis par les nouveaux romanciers : C. Simon dans La Mise en Scène, Michel Butor dans Passage de Milan, A. Robbe-Grillet dans Le Voyeur, Les Gommes et aussi dans le « Ciné-Roman » réalisé par A. Resnais. La tentative de Kaufmann est beaucoup plus radicale en ce sens que c’est l’ensemble de son récit qu’il met en abyme.
Kaufmann illustre dans son film cette mise en abyme à travers le gigantesque entrepôt new-yorkais où Cotard metteur en scène reconstitue une réplique grandeur nature d’une partie de la ville qui sert de décor à sa pièce.
Pour être fidèle, cette reconstitution de New-York doit nécessairement incorporer un entrepôt dans lequel New-York est reconstituée à son tour avec l’entrepôt où elle est à nouveau représentée et ainsi de suite.
Afin de rendre compte de cette maquette qui doit se contenir elle-même, telle une collection de poupées russes, le film propose un système de feuilleté de cartes à la sémiologie Google construit avec des découpes successives de plus en plus petites.
Ce dispositif d’encapsulation miniaturisée à l’infini apparaît aussi comme une quête de Coutard pour rejoindre sa femme qui l’a quittée au début du film et qui peint elle-aussi des tableaux de plus en plus minuscules.
Cette carte traîne abandonnée par terre dans la rue à la fin du film, une fois consommé l’échec de l’entreprise impossible. L’aporie sur laquelle débouche le film est en effet bien connue : c’est l’impossibilité de la carte à échelle 1 sur 1, mise en histoire par Borges et dont Umberto Eco montre qu’elle relève du paradoxe de Russel-Fredge, voir ce billet sur Monde Géonumérique .
En plus de l’exploration en profondeur vers l’infiniment petit, le film aborde aussi implicitement le déplacement vers l’infiniment grand. A la fin du film, le metteur en scène « réel » semble devenir lui même un simple personnage, dont le comportement est dicté par un autre metteur en scène, qui n’est peut-être lui-même que la marionnette d’un autre metteur en scène. Cela laisserait supposer que la New-York réelle ne serait elle-même qu’une reconstitution miniaturisée d’une New-York plus grande.
L’affiche du film n’est pas sans évoquer les albums de bande dessinée les Cités obscures de Schuiten et Peters, eux-aussi amateurs des figures de rhétorique.
(1) Ricardou Jean (1978) : Le Nouveau Roman, Ecrivains de toujours, Seuil, 189 p.
- Work Title/Titre de l’oeuvre: Synecdoche NewYork
- Author/Auteur : Kaufmann Charlie
- Year/Année :2008
- Field/Domaine : Cinema
- Type : Fantastic
- Edition/Production : various compagnies
- Language/Langue: En
- Geographical location/localisation géographique : #Schenectady, New-York, USA #Yonkers, New York City
- Remarks/Remarques :
- Machinery/Dispositif : figure of rhetoric, Model
- Location in work/localisation dans l’œuvre : 3rd and 72nd minutes
- Geographical location/localisation géographique :