Le magazine Télé-Loisirs pose en 2023 la question de l’existence du métier de géomaticienne dans le contexte de la série française Sambre. Celle-ci met en scène une chercheuse en géomatique qui établit le profil géographique d’un violeur en série. Cela conduit à réfléchir à la modélisation des données pour analyser des comportements humains.
In November 2023, Télé-Loisirs sparks a discussion on the role of a geomatics professional through a Sambre TV series episode. The series features a geomatics researcher helping law enforcement profile a serial rapist, raising questions about data modelling and human unpredictability.
Qui aurait cru que cette question existentielle (quoique révolue) de l’existence du métier de géomaticienne allait être posée en novembre 2023 par le magasine Télé-Loisirs ? C’est à l’occasion de la diffusion sur France TV du quatrième épisode de la très belle série Sambre, qui montre en 2007 une géomaticienne dresser le « profil géographique » du violeur en série qui sévit depuis 20 ans dans la vallée de la Sambre. La série, inspirée du livre de Alice Géraud (Éditions JC Lattès) sur l’affaire réelle jugée en 2022 est une véritable réussite sur le plan formel et humain, très fidèle dans la reconstitution d’un territoire et d’une époque. C’est aussi un poignant témoignage sur l’entêtant refus d’entendre la parole des femmes sur le viol. Elle mérite d’être vue dans son intégralité …
L’épisode 4 met donc en scène Cécile Dumont (Clémence Poesy), enseignante chercheuse en géomatique à l’Université de Charleroi (Belgique) appelée en désespoir de cause par une juge belge qui espère que ses méthodes scientifiques l’aideront à élucider la série de viols qui se succèdent dans une commune limitrophe de la frontière avec la France. C’est une reconstitution plutôt réussie de ce que pouvait être la géomatique en milieu universitaire à cette époque : ordinateurs, logiciels, modèles utilisés (peu explicites il est vrai), cartes …
La série pose de manière pertinente des questions de fond sur les méthodes des géomaticiens, la puissance et l’efficacité des données et des calculs pour rendre compte de phénomènes complexes et comment on évalue la validité des analyses et résultats produits. Étudiants et chercheurs en géomatique trouveront un intérêt à la regarder. Je copie ci-dessous les propos que Cécile Dumont tient à ses étudiants dans la scène d’introduction. C’est un bon point de départ pour une réflexion épistémologique en géomatique ou geodatascience, et l’épisode lui-même me paraît une belle introduction à un cours de SIG.
Cécile Dumont : Qu’est-ce que je cherche ? Quel type de résultats je veux obtenir ? C’est la question que vous devez toujours vous poser au préalable. A quoi va servir mon algorithme ? Cette question va circonscrire tous vos algorithmes. C’est ça qui va vous permettre de sélectionner les bonnes données. Et dites-vous bien que tout est données, hein ! Une œuvre d’art par exemple c’est constitué de données. Aujourd’hui, on peut composer de nouveaux morceaux de Mozart grâce à des algorithmes. Oui ?
Un étudiant : Mais le facteur humain ? N’a-t-il pas quelque chose d’aléatoire ?
Cécile Dumont : Non. C’est à dire .. Y a pas d’un côté … la nature, l’humain … et de l’autre les données. Ce qu’on appelle le facteur humain c’est en réalité du bruit dans le système, c’est quelque chose qu’on n’a pas encore su modéliser mais qu’on saura modéliser un jour. C’est ça.
Un autre étudiant : Vous pensez vraiment qu’on pourra tout modéliser autour de nous, tout réduire à un calcul ?
Cécile Dumont : Oui. Le monde entier tient dans une équation. Nous, on doit juste apprendre à la déchiffrer.
Vous voulez savoir si l’enquête de Cécile Dumont valide son crédo positiviste ? Regardez la série…

Who could have predicted that, in November 2023, Télé-Loisirs magazine would revive the once-settled debate on the existence of the geomatician profession? This unfolded during the airing of the fourth episode of the captivating series Sambre on France TV. The episode portrays the involvement of a geomatician in 2007, crafting a ‘geographical profile’ to track down a serial rapist who had plagued the Sambre Valley for two decades. The series, inspired by Alice Géraud’s book (Editions JC Lattès), is a real success both in formal and human terms, very faithful in recreating a territory and an era, and a poignant testimony to the stubborn refusal to hear women’s voices on rape. It’s a must-watch in its entirety…
Episode 4 features Cécile Dumont (Clémence Poesy), a research professor in geomatics at the University of Charleroi (Belgium), called in desperation by a Belgian judge who hopes that her scientific methods will help solve a series of rapes occurring in a municipality near the border with France. It is a quite successful recreation of what geomatics in a university setting could have been like at that time, including the computers, software, and models used (though not very explicit), as well as the produced maps
The series astutely raises fundamental questions about the geomatics methods, the power and efficacy of data and calculations in capturing complex phenomena, and how one assesses the validity of analyses and results. Students and researchers in GIS studies will find it intriguing. Below are the remarks that Cécile Dumont imparts to her students in the introductory scene, serving as a solid foundation for ethical and epistemological reflection in geomatics or data science. The episode appears to be a compelling introduction to a GIS (Geographic Information System) course.
Cécile Dumont: « What am I searching for? What kind of results do I want to achieve? That’s the question you should always ask yourself beforehand. What purpose will my algorithm serve? This question will define all your algorithms. It will help you choose the right data. And keep in mind that everything is data, okay! For instance, a work of art is made up of data. Today, we can compose new Mozart pieces using algorithms. Yes? »
Student: « But what about the human factor? Isn’t there something random about it? »
Cécile Dumont: « No. I mean… There’s no separation between nature, humans… and data. What we call the human factor is actually noise in the system, something we haven’t been able to model yet, but we will someday. That’s it. »
Another student: « Do you really think we can model everything around us, reduce it all to a calculation? »
Cécile Dumont: « Yes. The entire world fits into an equation. We just have to learn how to decipher it. »
Do you want to know if Cécile Dumont’s investigation validates her positivist creed? Watch the series…
(Note : this translation from French was produced with the support of ChatGPT 3)
- Work Title/Titre de l’oeuvre : Sambre
- Author/Auteur : Jean-Xavier de Lestrade, Alice Géraud et Marc Herpoux
- Year/Année : 2023
- Field/Domaine : TV Series
- Type : Series
- Edition/Production : Federation Entertainment, France Télévisions, Versus Production, What’s Up Films
- Language/Langue : Fr
- Geographical location/localisation géographique : Vallée de la Sambre
- Remarks/Notes:
- Machinery/Dispositif : cartes, modèles, profilage de criminel
- Location in work/localisation dans l’oeuvre : épisode 5
- Geographical location/localisation géographique :
- Remarks/Notes : Vallée de la Sambre







