Here is a seasonal post. Christmas time is for children and children’s stories. It is the perfect moment to present the simple and naive but very effective spatial machinery Jean de Brunhoff imagines when he relates the discovery of the house of Father Christmas by Babar in the album Babar and Father Christmas(1941). It illustrates a clever way to combine space and time in a narration.
Voici un billet de saison. Noël est d’abord la fête des enfants et des histoires pour enfants. C’est le moment de revenir sur un dispositif spatial simple, naïf mais très efficace, celui que Jean de Brunhoff imagine quand il raconte la découverte de la maison du Père Noël par Babar dans l’album Babar et le Père-Noël (1941). Il illustre une manière ingénieuse de combiner espace et temps dans le récit.
Let’s sum up the story. Babar is looking for Father Christmas with the aim of asking him to add the Elephant’s Country to his toys delivery program. He arrives in PRJMNESTWE in Bohemia and decides to ski to the mountain where Father Christmas is supposed to live. The dwarves of the mountain bombard his dog Duck with snowballs. When trying to follow them he is caught in a violent storm that forced him to stop. He digs a shelter in the snow and makes a roof with poles and skis. But suddenly the ground caves in under his feet and he falls into Father Christmas’s cavern through an air vent. The dwarfs warm him up and look after him. Father Christmas invites him to share a soup before he invites him to visit his house. The rest of the story has to be read in the album.
The narrative structure of this sequence is highly effective. In the first part of the story, Babar and Duck are facing a very hostile world. Duck is half choked and blinded by the snowballs the dwarfs send to him. Babar and the dog are struggling in the storm. They are exhausted and frozen before being miraculously saved. The narrative put in opposition the dark, violent, cold, wet and hostile external world and the bright, warm, tidy and welcoming house of Santa Claus. The opposition is classic between the unpredictable, threatening and wild natural world and the comforting, peaceful and a well-kept human habitation. Children enjoy very much to pass from a world to an other and from fear to relief just by turning the page.
Father Christmas’s house is an ideal representation of the industrial firm: symmetrical plan, division of labor, mechanization with the machine room and the pulley elevator system. The inspiration lies between the Robert Owen utopian model and the industrial paternalism of the end of the XIXe : the dwarfs -workers sleep in dormitories near the warehouse while the Father Christmas-Director lives in a luxury apartment overlooking the well organized and harmonious complex. But as a good captain of industry, even his private space is dedicated to the production activity. The apartment serves also as a storage area for toys and the pulleys of the elevator are attached to the ceiling. You can also see in this secret cave, a mixture of bourgeois comfort and technical rationality, reminiscent of the Nautilus of 20 0000 leagues under the sea, written by Jules Verne, an other author interested by utopian ideas. Beyond this classical inspiration, the world of Babar is rather original. The opposition between nature and society is not so clear as one might think at first. The dwarfs of the mountain are part of wilderness as well as part of human city. First threatening, they reveal themselves as been kind under the guidance of Father Christmas. There is an indescribable malaise in the overlighted and overorganized atmosphere of the house, as there is in Celesteville, the city which Babar rules, in other albums [1].
Sorry, the translation is not finished yet. Ready to give a hand ? Anyway, give a look to this automatic Google translation to get an idea of the rest of the post.
Rappelons l’histoire. Babar cherche le Père Noël pour lui demander d’intégrer le Pays des Éléphants dans sa tournée de distribution de jouets. Il est arrivé à PRJMNESTWE en Bohême et part à ski dans la montagne où est réputé habiter le Père Noël. Les petits nains de la montagne bombardent son chien Duck avec des boules de neige et quand il part à leur recherche, il est pris dans une violente tempête qui le force à s’arrêter. Il creuse un abri dans la neige qu’il couvre avec ses bâtons et ses skis. Mais soudain le sol cède sous ses pieds et il se retrouve dans la caverne du Père Noël en passant à travers une bouche d’aération. Les petits nains le réchauffent et le soignent. Le Père Noël l’invite à partager sa soupe avant de lui faire visiter sa maison. La suite est à lire dans l’album.
Cette séquence est d’une grande efficacité narrative. Dans la première partie du récit, Babar et Duck sont confrontés à un univers très hostile. Duck est à moitié étouffé et aveuglé par la volée de boules de neige envoyée par les nains. Babar et le chien luttent dans la tempête et sont exténués et gelés avant d’être miraculeusement sauvés. Le récit oppose un monde extérieur sombre, violent, froid, humide à une maison du Père Noël chaleureuse, accueillante, claire et bien rangée. L’opposition est classique entre une nature sauvage , imprévisible et menaçante et un habitat humain rassurant, paisible et bien organisé. Les enfants sont particulièrement sensibles au renversement soudain du détour de la page qui conduit de l’effroi au soulagement.
On remarquera que la maison du Père Noël est une représentation idéale de la firme industrielle : plan symétrique, division du travail, organisation taylorisée, mécanisation avec salle des machines et ascenseurs à poulie. On se situe entre les modèles utopiques à la Robert Owen et les cités ouvrières des patrons paternalistes de la fin du XIXème: les nains-ouvriers vivent dans des dortoirs proches des entrepôts tandis que le patron-Père Noël habite un appartement au luxe bourgeois qui domine un complexe parfaitement organisé et harmonieux. Mais en bon capitaine d’industrie qu’il est, son espace privé est aussi fonctionnel. Il sert aussi de stockage pour les jouets et les poulies des ascenseurs sont accrochées à son plafond. On peut voir aussi dans cette caverne secrète, mélange d’aménagement bourgeois et de rationalité technique, une réminiscence du Nautilus de 20 0000 lieues sous les Mers de cet autre créateur sensible aux idées utopistes qu’est Jules Verne. Au-delà de cette imaginaire assez classique, le monde de Babar est plutôt original. L’opposition entre nature et société n’est pas si nette qu’on peut le croire au premier abord. Les petits nains de la montagne participent du monde sauvage comme de la cité. D’abord menaçants, ils se révèlent bienveillants sous la conduite du Père Noël. L’ambiance suréclairée et surorganisée de la maison est un peu inquiétante et donne une impression de malaise, comme Célesteville, la ville sur laquelle règne Babar dans d’autres albums [1].
La séquence témoigne aussi d’une grande maîtrise graphique en parfaite correspondance avec le récit. Les vignettes du parcours de Babar dans la neige ne sont pas précisément délimitées et débordent sur la page. Cet effet s’exacerbe dans la tempête. Les vignettes envahies par la neige qui vole s’arrondissent et se perdent dans une brume grise indistincte qui couvre les deux pages. Dès que Babar se trouve dans l’univers organisé de la maison, les vignettes retrouvent leur régularité géométrique et leurs limites nettes. Du point de vue graphique, chacune des pièces de la maison renvoie alors à une vignette possible de l’histoire, comme les cases d’une bande dessinée.
Et le dispositif spatial,alors ? Si l’on regarde bien, la séquence nous est racontée deux fois de suite, selon un mode temporel d’abord puis spatial ensuite. De Brunhoff narre de manière séquentielle les mésaventures de Babar, étape par étape, vignette après vignette avec un récit illustré classique. Ensuite il donne un rendu synoptique et rétrospectif des événements, à travers la vue en coupe de la maison du Père Noël qui occupe une double-page.
En détaillant cette double page, guidés par le Nota Bene que l’auteur a placé en bas, on constate que tous les moments de l’aventure sont reconstitués dans un seul espace . Le paysage enneigé qu’a traversé Babar occupe le toit de la caverne. La tempête s’est arrêtée et la vue sur les sommets est maintenant dégagée. On discerne parfaitement au dessus de la cheminée d’aération l’abri avec l’écharpe qui flotte au vent et en dessous l’appartement au rideau bleu où Babar est tombé. On reconnaît la pièce où il a partagé la soupe du Père Noël et celle où il se trouve au moment présent dans son élégante robe de chambre. « Un temps pour lire, un temps pour regarder » comme l’écrit Isabelle Nières-Chevrel dans son étude sur l’espace dans les livres de Jean de Brunhoff [2]. C’est une trouvaille merveilleuse particulièrement adaptée au mode de lecture des enfants, qui aiment à la fois la répétition sans fin des histoires (le temps) et l’observation précise de tous les détails d’un dessin (l’espace). C’est pour eux (et nous) un plaisir toujours renouvelé de retrouver dans l’image de la maison tous les indices de l’histoire qui vient de se dérouler. C’est aussi une preuve de la cohérence du monde imaginaire que de pouvoir faire correspondre l’espace et le temps du récit, la chronologie et la localisation. C’est enfin une idée très originale que d’utiliser la coupe, méthode issue du dessin architectural et industriel, pour combiner l’exposé du système technique qu’est l’usine à fabriquer les jouets et l’aventure pleine de fantaisie du roi des éléphants.
Joyeux Noël !
- Work Title/Titre de l’œuvre: Babar et le Père Noël
- Author/Auteur : Jean de Brunhoff
- Year/Année : 1941
- Field/Domaine : Littérature pour enfants
- Type : Récits graphique, graphic novel
- Edition/Production : Hachette
- Language/Langue : Fr
- Geographical location/localisation géographique : Central Bohemia Czech Republic
- Remarks/Notes:
- Machinery/Dispositif : Profile/coupe, Narrative.Récit
- Location in work/localisation dans l’œuvre : pp. 15-22
- Geographical location/localisation géographique :
- Remarks/Notes :
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