Napoléon : la polyvision d’Abel Gance/ Abel Gance’s Polyvision

Affiche du film Napoléon d'Abel Gance (1927)

Affiche du film Napoléon d’Abel Gance (1927)

In 1925, Abel Gance was the first director to use three cameras for shooting his movie Napoleon. By the juxtaposition of the  three images he obtained a very large screen, three times the traditional format. This process, called « Polyvision », allows to increase not only the area shown by the images, but also to multiply the visual narrative through three different images simultaneously projected. Some critiques argue that this technique comes from the polyptychs of the Middle Ages and the Renaissance.

En 1925, le réalisateur Abel Gance élabore pour la première fois pour son film Napoléon un procédé de film avec trois caméras par juxtaposition, qui donne une largeur d’image trois fois supérieure au format traditionnel. Ce procédé, baptisé « polyvision », permet de démultiplier non seulement l’espace montré par les images, mais aussi un récit en trois images différentes montées simultanément. Pour certains, cette technique provient de celle des polyptiques du Moyen-Age et de la Renaissance.

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Français

Dans l’article qu’il consacré à la polyvision (La polyvision, espoir oublié d’un cinéma nouveau [1]), Jean-Jacques Meusy affirme que « Dès lors que le cinéma narratif a abandonné le plan unique de ses débuts – relation en durée réelle d’une action généralement unique se déroulant en un lieu unique – dès lors qu’il a voulu raconter des histoires complexes, il s’est trouvé confronté au problème du mode de représentation d’actions multiples se déroulant en des lieux et des temps eux-mêmes multiples. La trame spatio-temporelle du récit, composée de fils savamment entremêlés, ne semblait pouvoir être restituée au cinéma que séquentiellement, compte tenu du déroulement linéaire du matériau filmique et de l’unicité spatiale de sa représentation, limitée à un seul écran rectangulaire.« .

Le tournage de "J'accuse" d'Abel Gance. De gauche à droite: Marc Bujard, Maurice Forster, Antonin Nalpes, et Abel Gance

Le tournage de J’accuse d’Abel Gance. De gauche à droite: Marc Bujard, Maurice Forster, Antonin Nalpes, et Abel Gance

Avec son film Napoléon (ou Napoléon vu par Abel Gance), tourné entre 1925 et 1927, Abel Gance serait le premier réalisateur à utiliser ce dispositif. Dans la première version de son film « J’accuse » (1919), Abel Gance avait utilisé un dispositif comparable avec deux images différentes entre le haut et le bas de la pellicule. 25 ans avant les autres tentatives de format large (Cinérama, CinemaScope), Abel Gance met en œuvre trois caméras projetant sur trois écrans. L’objectif était triple:

  •   la répétition de la même image sur les trois écrans ;
  •   la projection de trois points de vue d’une même scène (procédé préfigurant le split screen) ;
  •   l’obtention d’une symétrie par inversion de l’image latérale.

A propos de cette technique, Abel Gance déclara « Dans certains plans de Napoléon, j’ai superposé jusqu’à seize images, elles tenaient leur rôle “potentiel” comme cinquante instruments jouant dans un concert. Ceci m’a conduit à la polyvision ou triple écran présentant à la fois plusieurs dizaines d’images. La partie centrale du triptyque c’est de la prose et les deux parties latérales sont de la poésie, le tout s’appelant du cinéma.« 

Ces effets permettent au réalisateur de souligner les exploits des personnages et d’abord du premier d’entre eux, et de renforcer le côté « patriotique » du film (en particulier avec les vues de batailles) dans une vision plus épique, voire, mythique qu’historique des événements.

(Image de Napoléon d'Abel Gance, copyright Cinémathèque française, novembre 2013)

(Image de Napoléon d’Abel Gance, copyright Cinémathèque française, novembre 2013)

Dans cet exemple tiré de Napoléon, on voit les armées du général Bonaparte occuper tout l’espace des trois écrans comme s’il s’agissait pour le réalisateur de donner du champ aux spectateurs pour percevoir presque « physiquement » non seulement l’importance des armées napoléoniennes mais aussi l’ampleur grandissante des desseins de l’empereur.

Dans cet autre exemple, on voit à gauche un globe terrestre tournant, métaphore des conquêtes de l’empereur qui accroit son pouvoir sur le monde. A droite se trouve une carte de l’Italie à l’extrême fin du XVIIIème siècle, illustrant les visées du général Bonaparte sur la péninsule italienne lors de la première campagne d’Italie (1796-1797), puisque le film d’Abel Gance illustre l’histoire et les campagnes militaires du Général Bonaparte entre 1781 et 1796. Entre ces deux images, on reconnaît le visage du personnage de Joséphine de Beauharnais (joué par Gina Manès), première épouse de Bonaparte de 1796 à 1809 et future impératrice des Français et reine d’Italie de 1804 à 1809.

(Image de Napoléon d'Abel Gance, copyright Cinémathèque française, novembre 2013)

(Image de Napoléon d’Abel Gance, copyright Cinémathèque française, novembre 2013)

Chargé par La Cinémathèque française de la reconstruction et de la restauration du Napoléon de Gance et réalisateur en 2005 d’un documentaire consacré à Abel Gance (« À l’ombre des grands chênes« ), Georges Mourier a donné en novembre 2013 une conférence Les inventions techniques d’Abel Gance : mythe ou réalité ?, où il est revenu notamment sur la polyvision.

Le film d’Abel Gance a fait l’objet de plusieurs versions, dont une réalisée par Abel Gance lui-même en 1935, de plusieurs accompagnements musicaux et de huit restaurations. En 2008, la Cinémathèque française a désigné Georges Mourier pour entreprendre une vaste expertise du fonds « Napoléon » à l’échelon national (Cinémathèque française, Archives françaises du film et Cinémathèque de Toulouse), ainsi que la reconstruction et la restauration numérique de la version originelle dite « Apollo » (source Wikipedia).

En juillet 2012, une nouvelle version du Napoléon d’Abel Gance a été présentée lors du San Francisco Silent Film Festival, dans la version de sa troisième restauration réalisée par Kevin Brownlow et British Film Institute. La bande annonce ci-dessous reprend largement le principe de la polyvision pour la présentation de cette version.

Bande annonce du Napoleon d’Abel Gance lors du San Francisco Silent Film Festival


[1] La polyvision, espoir oublié d’un cinéma nouveau de Jean-Jacques Meusy, 1895. Mille huit cent quatre-vingt-quinze, n°31 (Abel Gance, un nouveau regard), octobre 2000, pp. 153-211. [En ligne], 31 | 2000, mis en ligne le 06 mars 2006, consulté le 13 février 2014. URL : http://1895.revues.org/68

Reference/Référence

  • Work Title/Titre de l’œuvre: Napoléon vu par Abel Gance
  • Author/Auteur : Abel Gance
  • Year/Année : 1927
  • Field/Domaine : Cinema
  • Type : Historic film
  • Edition/Production : Gaumont (Europe) ; Metro-Goldwyn-Mayer (États-Unis)
  • Language/Langue : Silent film
  • Geographical location/localisation géographique : #France, #Italy
  • Remarks/Notes:
    • Machinery/Dispositif : carte, maps
    • Location in work/localisation dans l’œuvre :
    • Geographical location/localisation géographique : France, Italy
    • Remarks/Notes : places of Bonaparte’s battles in France and in Italy

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