Poupoupidou. Marylin Monroe is (not) well and (no more) living in Mouthe, France

Nobody Else But You (Poupoupidou) is an amazing film directed by Gerald Hustache-Mathieu that tells in a very original and subtle manner the tragic fate of Candice Lecoeur, a small-town woman and aspiring model who thought she was the reincarnation of Marilyn Monroe. Deeply rooted in Mouthe region in the Jura, famous for holding the cold record in France, the film develops a sort of imaginary and magical parallel Space-Time and combines spatial machineries and geographic shots.

Poupoupidou de Gérald Hustache-Mathieu est un très joli film qui raconte de manière épatante et subtile le destin tragique de Candice Lecoeur, starlette de Mouthe, qui s’est vécue comme une réincarnation de Marylin Monroe. Très enraciné dans cette région du Jura français, célèbre pour détenir le record du froid en France, le film déploie à partir de ce point de départ très localisé une sorte d’espace-temps parallèle imaginaire et magique. Pour cela le metteur en scène combine habilement plans géographique et cinématographique.

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 Mouthe, Malbuisson, Jougne, Rochejean, Malpas, les Fourgs, les communes citées dans le générique en témoignent. C’est tout le territoire des communautés de communes du Mont d’Or, des deux lacs et du Haut-Doubs que le film prend non seulement comme toile de fond mais comme point d’ancrage de son histoire. C’est en effet à Mouthe que Candice Lecoeur vivait et non loin de là qu’on la découvre morte. La totalité du film est tournée sur place et la plupart du temps en décors naturels. Pour qui connaît la région, il est assez facile de se localiser et de retrouver les endroits filmés. Cet ancrage géographique volontaire du film apparaît très rapidement dès la 9ème minute quand Rousseau, l’écrivain intrigué par les conditions de la mort de Candice, tente de retrouver la zone interfrontalière où son corps a été découvert.

Égaré au milieu des champs de neige, il déplie une carte topographique qui nous est présentée en détail. Le plan est rapide mais un arrêt sur image permet de constater que la carte s’ouvre bien sur le lac de Joux, situé en Suisse de l’autre côté de la frontière à une dizaine de kilomètres à l’est de Mouthe. La caméra se déplace ensuite latéralement vers la gauche pour se fixer sur cette zone interfrontalière, véritable no man’s land qui ne dépend ni d’une juridiction ni d’une autre, censé expliquer pourquoi aucune enquête sérieuse ne sera faite sur les causes de la mort de Candice. Tous les amateurs de ski de fond de cette région savent en effet que la zone en question constitue un espace libre et continu de plusieurs kilomètres entre France et Suisse. Les deux postes de douane sur la route étant à Mouthe du côté Français et l’autre au dessus des Charbonnières côté Suisse. Mais si l’on prend la peine de vérifier sur le Géoportail, il n’existe pas de zone interfrontalière à cet endroit. La frontière est parfaitement délimitée, comme le démontrent les deux vues de la carte topographique tirée du site de l’IGN.

 La carte du film est donc un montage, tout comme le panneau à l’entrée de Mouthe qui indique que c’est le village natal de Candice Lecoeur. Mais pourquoi pousser le réalisme jusqu’à donner une existence cartographique à cette zone interfrontalière? Souci maniaque du détail ? Goût du travail soigné ? Le panoramique sur la carte est très rapide mais ce plan fugitif marque symboliquement le passage de frontière entre le lieu réel et le lieu fictionnel. En effet le film établit une correspondance mystérieuse entre une jolie fille de cette ville froide du Jura, posant pour des photos et starlette de la météo à la télévision régionale et la star mythique et mondiale qu’est Maryline Monroe. Candice Lecoeur constate, à moins qu’elle ne provoque, le parallélisme étroit et inquiétant entre sa vie et celle de Maryline. Le film met donc en scène l’incarnation d’un destin mythique et universel dans une jeune fille réelle. Il en organise la matérialisation en modèle réduit dans un lieu improbable, Mouthe.

Ce dispositif de transfert spatial se double d’un dispositif de transfert temporel. En effet, dans le plan qui suit la vue de la carte, Rousseau pénètre dans la zone inter-frontalière où le corps de Candice a été retrouvé. Il s’éloigne de la caméra dans le même temps que celle-ci effectue un mouvement vers le haut qui le fait disparaître du plan. La caméra fixe la zone enneigée vide. Quand Rousseau réapparaît au bout d’à peine une à deux secondes, il a parcouru un chemin beaucoup plus long qu’attendu, comme si le temps avait été suspendu un instant à son entrée dans la zone mystérieuse. Ce trucage simple est le pendant du montage cartographique ci-dessus. Il marque discrètement le caractère magique du lieu tout en établissant le collage temporel des deux époques, celle de Marylin et celle de Candice. On trouve un procédé analogue un peu plus tôt dans le film. Au moment exact où Rousseau passe le panneau de l’entrée dans Mouthe, il perd le son de son autoradio. Il s’arrête puis recule et se gare pour entendre la fin de la chanson juste devant le panneau où s’affiche la belle Candice Lecoeur. Le morceau qu’il écoute porte le titre adéquat de Shot Down. Il est interprété par The Sonics , un groupe dont l’apparition est contemporaine de la disparition de Marylin Monroe.

Mais le film raconte aussi une transmutation inverse, celle du passage à la fiction. Rousseau est écrivain et se met en tête d’écrire un roman à partir de l’histoire de Candice Lecoeur. Au début, il envisage d’appeler son livre no man’s land et de le signer d’un pseudonyme nordique, comme on appelle la zone de ski du même nom. Il optera finalement pour garder son patronyme et titrer son roman Poupoupidou, signifiant ainsi que l’espace en question n’est plus celui de personne mais qu’il appartient à Candice-Maryline. Le film lui-même peut être vu d’ailleurs comme l’adaptation de ce roman écrit par le personnage. En donnant vie à l’écran à Candice Lecoeur, Hustache-Mathieu la projette en retour dans l’espace de l’actrice Maryline Monroe. Le cinéaste plaisante dans le making-of du DVD sur le fait qu’il faut assumer ses rêves. Candice Lecoeur se rêve Marylin, et lui-même se rêve Fellini alors qu’il est un cinéaste français de Grenoble.

On s’amusera à penser que cette zone imaginaire ajoutée à la carte vient alors discrètement pointer le lieu commun de tous ces déplacements aller et retour, du réel à l’imaginaire, du livre au film, de la vie à la fiction, du trivial au mythe, du régional au mondial, du particulier à l’universel.

Reference/Référence

  • Work Title/Titre de l’œuvre: Poupoupidou (Nobody Else But You)
  • Author/Auteur : Gérald Hustache-Mathieu
  • Year/Année : 2011
  • Field/Domaine : Cinema
  • Type : Thriller
  • Edition/Production :
  • Language/Langue :
  • Geographical location/localisation géographique : #Mouthe, France
  • Remarks/Notes:
    • Machinery/Dispositif : carte map, plan de cinéma
    • Location in work/localisation dans l’oeuvre :
    • Geographical location/localisation géographique :
    • Remarks/Notes :

4 réflexions sur “Poupoupidou. Marylin Monroe is (not) well and (no more) living in Mouthe, France

  1. Pingback: Polar Park, comme un air de Poupoupidou | (e)space & fiction

  2. Pingback: Traverse | Sibérie m’était contée… à La Brévine (Neuchâtel) et Mouthe (Doubs)

  3. Le panneau « bienvenue à Mouthe », comme le choix des paysages du Doubs renvoient par ailleurs explicitement à un autre espace de fiction, celui de Twin Peaks (en version enneigée !) :

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