Trap Street

TS01 A trap street, or errata, is a fictitious street inserted into maps to purposefully trap potential copyright violators of the map. Normally quite innocuous, these fictitious bits of information are used as proof to spot where plagiarism has taken place. The recent chinese feature film « Trap Street » inverts the usual meaning of this expression, becoming a real street which is deliberately obscured or removed from maps.

Une « rue piège » est un terme habituellement employé pour désigner une rue qui apparaît dans une carte, mais qui n’a pas d’existence réelle, ou dont le tracé a été  largement modifié par rapport aux relevés du terrain. Cette pratique est (ou aurait été) officieusement employée par certaines agences cartographiques afin de mettre en évidence d’éventuelles copies illégales de leurs données, et d’ainsi « piéger » les contrevenants. Dans cette fiction chinoise sortie cet été en France, le principe de la « rue piège » est renversée, puisqu’il s’agit cette fois d’une rue réelle qui disparaît systématiquement de toutes les cartes officielles, et qui se révèlera un terrible piège pour le personnage principal.
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strap-street1Français

« Trap Street » est le premier long métrage réalisé par Viviane Qu, par ailleurs connue comme productrice de plusieurs films indépendants du cinéma contemporain chinois, dont « Train de nuit  » ou plus récemment le très remarqué « Black Coal« .

Li Qiuming est un jeune géomètre (ingénieur aux yeux de sa mère, apprenti aux yeux de ses collègues), recruté depuis peu dans une compagnie privée chargée de cartographier les rues en constante évolution de Nanjing (Nankin), entre démolition des quartiers anciens et construction d’immeubles flambant neufs.

Pour arrondir leurs fins de mois, et accessoirement rembourser quelques dettes, Li et ses colocataires travaillent au noir en installant des systèmes de vidéo-surveillance dernière génération, ou au contraire en détectant des potentiels dispositifs d’espionnage électronique dans des hôtels ou des centres d’affaires.

Li est à l’image de toute une génération de jeunes citadins chinois, plongé en permanence dans un environnement de technologies numériques, aussi bien dans son cadre professionnel que privé. Après des heures passées à arpenter les rues de Nanjing derrière un théodolite numérique, il passe une grande partie de son temps libre à défier ses amis aux jeux vidéos, tchatter sur son téléphone portable ou se géolocaliser pour le plaisir grâce à une montre-GPS.

Mais sa rencontre avec une belle et mystérieuse passante (au coin d’une rue que la compagnie de Li se refuse systématiquement à faire figurer sur une carte) va cependant attiser sa curiosité et l’inciter à poursuivre des recherches de plus en plus imprudentes, jusqu’à le faire basculer de l’autre côté du miroir technologique…

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Car ce que souligne très bien le scénario de ce film, c’est cette omniprésence des dispositifs numériques dans la vie quotidienne des jeunes citadins chinois, lesquels dispositifs procurent à la fois une multitude d’espaces de liberté et en même temps, un redoutable outil de contrôle pour les autorités du pays (ce que, soit dit en passant, les révélations d’Edward Snowden ont aussi très bien mis en évidence dans nos propres sociétés « occidentales »).

Par-delà ce constat, la cinéaste semble aussi s’interroger sur l’attitude des jeunes générations vis-à-vis de ces nouvelles formes de surveillance. En ont-ils ou non conscience ? En perçoivent-ils clairement les tenants et les aboutissants ? Tentent-ils de la contourner ou y sont-ils tout simplement résignés ?

Il est intéressant à ce sujet de remarquer comment Li, le personnage principal, s’étonne des questions répétitives qui lui sont posées lors de l’interrogatoire final dont il fera l’objet. Pourquoi diable les policiers attendent-ils un aveu de sa part, alors qu’ils ont accès à toutes les informations contenues dans ses appareils personnels (téléphone, GPS…) ? De même, lorsqu’il finit par comprendre qu’on l’accuse d’avoir eu entre les mains des clés USB contenant des informations confidentielles, il ne peut s’empêcher de reprocher à son interlocuteur que ses informations n’aient pas été au préalable cryptées. Car si tel avait été le cas, il n’y aurait eu aucun doute sur son innocence.

Mais impossible pour Li de prouver qu’il n’ a ni consulté ni divulgué les informations contenues dans ces clés USB, alors qu’il est lui-même un expert en techniques d’espionnage ! Comme dans les pires procès kafkaïens, la vérité n’a ici plus aucune importance, seul prime son statut de suspect, qui entraînera sa disgrâce et celle de ses proches. Li est ainsi tombé dans le piège d’un mensonge cartographique, dont il n’aura compris que trop tard la réelle signification…

Si le film baigne dans une atmosphère angoissante et paranoïaque (renforcée notamment par l’usage régulier des images de caméras de vidéo-surveillance), l’intrigue se révèle finalement bien moins complexe que son titre ne le laissait imaginer. « Trap street » n’en demeure pas moins un film intéressant, qui témoigne avec courage et intelligence des ambiguïtés de la modernité chinoise.


Reference/Référence

  • Work Title/Titre de l’œuvre : Trap Street
  • Author/Auteur : Viviane Qu
  • Year/Année : 2014
  • Field/Domaine :
  • Type : Feature film /Film de fiction
  • Edition/Production :
  • Language/Langue : Mandarin
  • Geographical location/localisation géographique : Nanjing / Nankin
  • Remarks/Notes:
    • Machinery/Dispositif :
    • Location in work/localisation dans l’œuvre :
    • Geographical location/localisation géographique :
    • Remarks/Notes :

3 réflexions sur “Trap Street

  1. Pingback: GPS et géolocalisation à travers la fiction | (e)space & fiction

  2. Merci pour ce joli billet sur Trap Street, film que je n’ai pas encore vu.
    J’avais reblogué en mars sur le tumblr de (e)space&fiction un post avec un extrait vidéo, montrant une charmante scène de séduction dans un parc, assez Nouvelle Vague geek, dans laquelle le garçon produit une carte de ses endroits favoris: http://spacefictioncuriosities.tumblr.com/post/80716025888/new-aesthetic-trap-street-clip-festival-2013.
    A ce propos les coordonnées géographiques qu’il annonce grâce à sa montre GPS (32.093672, 118.793889) correspondent à cette adresse à Nankin: 80 He Yan Lu Nanjing Shi, Jiangsu Sheng, Chine
    Question à ceux qui ont vu le film : correspond-elle au lieu de tournage de la scène ? Est-ce une indication sur la localisation de cette rue erronée ?

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